Créée en 1874 dans un contexte de crise industrielle, la Société du Commerce et de l’Industrie lainière de la région de Fourmies regroupe les patrons de l’industrie textile locale pour faire face aux défis économiques. Sa création est une réponse à la surproduction, à la chute des débouchés, et à la montée d’une concurrence étrangère accrue, notamment allemande, rendue plus compétitive par des coûts salariaux plus bas et des politiques protectionnistes.
L’organisation, structurée autour d’un conseil d’administration et de comités spécialisés, cherche à défendre les intérêts de ses membres au niveau national et international. Elle joue un rôle moteur dans la modernisation du secteur, en promouvant les innovations, la communication (création de réseaux téléphoniques), et les infrastructures industrielles.
Dans cette logique, elle soutient en 1875 la fondation d’un bureau de conditionnement et de mesurage des laines, soies et fils, rue du Conditionnement à Fourmies. Cet établissement, reconnu par décret en 1879, avait pour mission de peser, titrer et contrôler la qualité des fibres textiles afin de prévenir les fraudes et de renforcer la confiance entre acheteurs et vendeurs. Véritable garantie pour les transactions commerciales, il contribue à la réputation et au dynamisme de la place lainière fourmisienne.
La Société mène également une action sociale importante, mais à visée paternaliste. Elle met en place des cours du soir, des concours techniques, des coopératives de logement et une société de secours mutuel. Ces dispositifs visent à encadrer les ouvriers, à les détourner des lieux de sociabilité comme les estaminets, et à prévenir les conflits sociaux. Elle s’implique aussi dans la lutte contre les accidents du travail, mais surtout pour limiter les charges patronales.
Actrice influente de l’industrie fourmisienne, elle valorise les savoir-faire régionaux à travers les grandes expositions internationales et contribue à l’uniformisation des normes textiles. Malgré des pertes d’adhérents au début du XXe siècle, elle reste active jusqu’à la Première Guerre mondiale, pendant laquelle elle protège les intérêts locaux. Après 1918, elle reprend ses missions de formation et d’accompagnement économique.