Empreintes Industrielles

Le textile

Le textile

Un savoir-faire séculaire ancré en Avesnois-Thiérache

L’industrie textile en Avesnois-Thiérache : une épopée industrielle, sociale et patrimoniale.

Le textile est au cœur de l’histoire économique et sociale de l’Avesnois-Thiérache. Dès le XIXe siècle, cette région rurale du Nord de la France devient un haut lieu de la production lainière, portée par des figures pionnières, des dynasties industrielles et un tissu d’entreprises à la fois puissantes et profondément enracinées localement.

Le véritable tournant débute avec Théophile Legrand, fondateur en 1825 de la première filature mécanique de laine peignée à Fourmies. Inspiré par les modèles anglais, il introduit la vapeur, la mécanisation et une vision entrepreneuriale ambitieuse. Sa réussite entraîne dans son sillage toute une génération d’industriels : les Divry, Hubinet, Falleur, Doyen.. qui transforment les villes et villages de L’Avesnois-Thiérache tels que Fourmies, Wignehies, Glageon, Trélon, Mondrepuis et bien d’autres encore, en centres textiles dynamiques.

Au fil du temps, les entreprises s’agrandissent, se spécialisent (dans les tissus pour confections, uniformes, textiles techniques…) et s’exportent largement. À la fin du XIXe siècle, Fourmies concentre la moitié des broches de peignage de laine françaises. Ces dynasties se distinguent aussi par leurs demeures patronales imposantes, comme le Château de la Marlière à Fourmies ou la Maison Falleur à Trélon, symboles de prestige et de réussite économique.

Confrontés à une forte concurrence étrangère et aux effets de la Grande Dépression (1873-1896), les industriels se structurent en 1874 grâce à la Société du Commerce et de l’Industrie lainière de la Région de Fourmies. Cette dernière joue un rôle clé dans la diffusion des innovations, la défense du libre-échange et la mise en place d’un réseau professionnel solidaire.

Elle œuvre aussi pour la formation, en partenariat avec la municipalité. Dès 1889, Fourmies accueille une École pratique de commerce et d’industrie, qui forme ouvriers qualifiés, contremaîtres, mécaniciens ou dessinateurs pour le secteur textile. Elle complète un réseau d’écoles manuelles et de cours du soir, financés par les industriels, dans une logique paternaliste et de montée en compétences.

Les deux guerres mondiales marquent durement le territoire. De nombreuses usines sont détruites ou réquisitionnées, comme les filatures Adrien Legrand, Hubinet, ou Falleur, parfois transformées en hôpitaux militaires ou en camps de prisonniers. Pourtant, la plupart renaissent de leurs cendres, portées par la volonté de familles comme les Hubinet, dont Emma, dirigeante pendant la guerre, incarne une forme de résistance économique et morale.

L’industrie textile en Avesnois-Thiérache : une épopée industrielle, sociale et patrimoniale.
L’industrie textile en Avesnois-Thiérache : une épopée industrielle, sociale et patrimoniale.
L’industrie textile en Avesnois-Thiérache : une épopée industrielle, sociale et patrimoniale.

À partir des années 1960, la désindustrialisation frappe. Certaines usines ferment (Masurel en 1977, Hubinet en 2004), d'autres tentent des reconversions partielles. Les bâtiments industriels sont souvent réaffectés, comme ceux de Glageon investis par Emmaüs dès 1983, ou transformés en équipements culturels : comme le Musée du Textile et de la Vie Sociale de l’écomusée de l’Avesnois, fondé en 1980 dans l’ancienne filature Masurel à Fourmies. Il devient un centre de mémoire vivante de la société industrielle.

Les maisons patronales, comme celles des familles Legrand ou Falleur, témoignent de la prospérité passée, mais aussi des profondes transformations du territoire. Certaines ont été détruites dans les années 1970, d’autres reconverties, comme le Château de la Marlière (Legrand) à Fourmies, devenu un hôtel, ou bientôt la Maison Falleur à Trélon.

Alors que les usines s’éteignent progressivement au cours du XXe siècle, la mémoire du textile devient un enjeu patrimonial et identitaire important. Grâce à la création de l’écomusée de l’Avesnois et du Musée du Textile et de la Vie Sociale de Fourmies, à l’engagement des habitants, à la préservation des savoir-faire, la région parvient à sauvegarder les traces, d’un passé marqué par le travail, l’innovation et les luttes sociales.

Loin de n’être qu’un passé révolu, le textile est une trame vivante de l’Avesnois-Thiérache. Son histoire industrielle a modelé les paysages, les familles, les valeurs du territoire. Elle inspire encore aujourd’hui des projets éducatifs, sociaux, culturels, porteurs de résilience. Car derrière les machines et les ateliers, ce sont aussi des vies, des luttes, des gestes qui racontent un héritage profondément humain.

Notre livre interactif : filatures

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A propos

Venez découvrir une sélection de sites emblématiques de l’industrie textile en Avesnois-Thiérache. Au fil des pages, textes et images vous présentent un axe choisi autour d’une entreprise allant de l’aspect technique à une dimension sociale ou encore économique. Bonne lecture !

L’expérience augmentée

La collection d’ouvrages Empreintes industrielles en Avesnois-Thiérache est augmentée numériquement. Toutes les pages marquées d'un sigle renvoient vers la plateforme web dédiée au projet.

Comment ça marche ?

Grâce à l’application Argo play téléchargeable gratuitement sur les stores Apple et Android, vous accéderez à un grand nombre de contenus complémentaires qui vous feront découvrir de multiples ressources documentaires (photographies, textes, vidéos, parcours de visite…). Il vous suffira ensuite de scanner le sigle à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette.

Ouvrage Invenit, Filatures