Après la guerre franco-prussienne, l’industrie lainière de Fourmies connaît une période de forte expansion. Cet élan est toutefois rapidement freiné par la concurrence internationale et la crise économique de 1873. Inquiets du faible niveau de qualification des travailleurs, les industriels, réunis au sein de la Société industrielle, choisissent de développer la formation professionnelle. Dès 1886, ils mettent en place des cours du soir et organisent, par exemple, un concours destiné aux chauffeurs, dans le but d’améliorer leur compétitivité.
Soutenue par la municipalité et le patronat, une École Primaire Supérieure (E.P.S) est alors créée rue des Rouets pour former les futures élites locales. L’école attire rapidement des élèves grâce à un internat et s’agrandit dès 1887.
Face aux critiques de la Société industrielle, qui juge l’EPS trop théorique, l’établissement est transformé en 1889 par arrêté ministériel en École Manuelle d’Apprentissage (EMA). On y enseigne des métiers manuels (menuiserie, mécanique…) sur un modèle plus pratique, mais encore jugé insuffisant par les industriels.
En 1892, par décret, Fourmies est dotée d’une École Pratique de Commerce et d’Industrie (EPCI), école professionnelle publique formant à la fois des ouvriers qualifiés et des techniciens, en lien direct avec les besoins du textile local. La ville investit fortement pour équiper l’école en ateliers modernes.
L’école dispose d’ateliers pour le textile, de nouveaux équipements dès 1895 et d’un étage supplémentaire en 1908. L’enseignement repose à 70% sur la pratique (ateliers, dessin industriel, technologies). Elle prépare également à des concours (ex. Arts et Métiers de Châlons).
L’EPCI accueille jusqu’à 200 élèves. Elle attire des jeunes de toute la région, et même de l’étranger. Les résultats aux examens sont bons, avec des taux de réussite élevés. Une part importante des élèves trouve un emploi localement dans l’industrie.
Entre 1880 et 1914, Fourmies s’équipe progressivement d’un dispositif d’enseignement technique complet (école + cours du soir), répondant aux besoins de son industrie textile. Ce modèle associe investissement public, implication patronale, et ambition éducative.